Au premier trimestre 2025, l'entreprise suisse spécialisée dans la mode sportive a enregistré une croissance notable de son chiffre d'affaires net en hausse de 43 %, atteignant 726,6 millions de francs suisse (768,1 millions d'euros) par rapport à la même période de 2024. Cette progression, détaillée dans le rapport trimestriel de l'entreprise, repose sur une combinaison d'initiatives stratégiques, de développements de produits et d'une expansion géographique active. L'analyse par canaux de vente, régions et segments de produits permet de mieux comprendre les leviers de cette performance et d'en évaluer la portée.
Dynamique contrastée entre les canaux de distribution
Les deux principaux canaux de distribution — wholesale (vente en gros) et DTC (vente directe au consommateur) — ont tous deux connu une croissance significative, bien que fondée sur des mécanismes différents.
Le canal wholesale a généré 449,7 millions de francs suisse (475,4 millions d'euros) de chiffre d'affaires, en hausse de 41,5 % par rapport aux T1 2024. Cette progression s'explique notamment par une demande soutenue de la part des distributeurs partenaires et par l'introduction anticipée du modèle Cloud 6, qui a bénéficié d'un bon accueil dans les circuits de distribution. L'expansion sélective du réseau de points de vente partenaires, notamment avec les grands comptes internationaux, a contribué à élargir la visibilité de la marque, sans toutefois bouleverser les équilibres existants du secteur.
Le canal DTC, pour sa part, a progressé de 45,3 % pour atteindre 276,9 millions de francs (292,7 millions d'euros), grâce à la hausse du trafic sur les plateformes numériques d'On et à l'ouverture de nouveaux points de ventes physiques. L'entreprise a continué à développer son réseau de magasins dans des marchés clés, proposant une expérience de marque intégrée. La part du DTC dans les ventes totales a légèrement augmenté, passant de 37,5 % à 38,1 %, ce qui correspond à la stratégie de la société visant à renforcer sa relation client et à améliorer ses marges. Néanmoins, cette orientation implique des coûts d'exploitation plus élevés et une plus grande dépendance à la gestion de son propre réseau de distribution.
Expansion géographique : présence élargie, dynamiques hétérogènes
La croissance d'On s'est appuyée sur une expansion dans toutes les régions clés, avec des performances variables selon les marchés.
En Amérique, le chiffre d'affaires a progressé de 32,7 % à 437,4 millions de francs suisse (462,4 millions d'euros), principalement grâce à la montée en notoriété de la marque et au renforcement de ses canaux wholesale et DTC. La dynamique reste portée par le marché américain, qui reste central mais aussi hautement concurrentiel. L'ouverture de nouveaux points de vente dans des zones urbaines à fort trafic a soutenu cette croissance, sans pour autant résoudre les défis d'acquisition de client à long terme.
La région EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique) a connu une croissance de 33,6 % à 168,6 millions de francs suisse (178,2 millions d'euros), tirée par de bonnes performances au Royaume-Uni et des développements en France, Espagne, Belgique, Pays-Bas et Scandinavie. L'entreprise a investi dans des campagnes localisées et dans son infrastructure e-commerce. La croissance, bien que robuste, reste dépendante de la capacité d'On à s'adapter aux spécificité locales et à faire face à une concurrence bien établie.
La région Asie-Pacifique a affiché une progression plus spectaculaire avec une hausse de 130,1 % des ventes nettes, atteignant 120,6 millions de francs suisse (127,5 millions d'euros), portée essentiellement par la Chine et le Japon. L'expansion sur les plateformes e-commerce locales et l'ouverture de magasins phares dans les grandes métropoles ont renforcé la présence d'On. Ce développement rapide dans une zone stratégique s'accompagne néanmoins de risques liés à la volatilité réglementaire, aux coûts logistique et à la nécessité d'une adaptation culturelle soutenue.
Produits : diversification et montée en gamme
Les produits ont également été moteur essentiel de la croissance. Le segment des chaussures, cœur de l'activité d'On, a progressé de 40,5 %, atteignant 680,9 millions de francs suisse (719,8 millions d'euros), grâce notamment au lancement du Cloud 6 et à la poursuite des gammes Cloudsurfer et Cloudmonster. La stratégie de renouvellement partiel des modèles et de continuité sur les best-sellers semble avoir fonctionné sur le trimestre, même si elle expose la marque à un risque de saturation à moyen terme.
Les vêtements ont vu leur chiffre d'affaires croître de 93,1 %, à 38,1 millions de francs suisse (40,3 millions d'euros), notamment dans les segments Performance Running, Performance Tennis et Performance All Day. Cette progression est liée à la reprise de contrôle de l'inventaire en 2024 auprès des partenaires wholesale, permettant une meilleure gestion des collections et une harmonisation des tailles. Toutefois, le segment textile reste secondaire en volume par rapport à la chaussure, et son développement nécessitera une consolidation de plusieurs trimestres pour valider sa rentabilité.
Quant aux accessoires, leur croissance (+99,2 %) part d'une base faible mais témoigne d'un potentiel de diversification, notamment via le cross-selling de produits comme les sacs et chaussettes. Ce segment reste toutefois marginal en valeur absolue, 7,6 millions de francs suisse (8 millions d'euros).
Perspectives et limites
On Running prévoit de maintenir une dynamique favorable pour le reste de l'année, portée par une demande soutenue dans l'ensemble de ses canaux de distribution, de ses zones géographiques et de ses catégories de produits. L'entreprise s'appuie notamment une visibilité accrue liée à son carnet de commandes et sur un pipeline de produits à venir qu'elle qualifie d'ambitieux.
En conséquence, On a revu à la hausse sa prévision annuelle de chiffre d'affaires net, visant désormais une croissance d'au moins de 28 %, soit un chiffre d'affaires d'au moins de 2,86 milliards de francs suisse (3,02 milliards d'euros). Cette anticipation repose sur la solidité perçue de la marque et sur la continuité de la demande, mais suppose également que les conditions de marché restent globalement favorables.
L'entreprise reconnaît cependant un environnement international plus incertain. Des évolutions récente en matière de politique commerciale (comme les tarifs douaniers américains), la volatilité persistante des chaînes d'approvisionnement mondiales, ainsi que la dépréciation marquée des principales devises d'exploitation face au franc suisse viennent complexifier la planification opérationnelle. On Running intègre désormais ces éléments dans sa vision prospective et s'attend à une plus grande variabilité des coûts, notamment douaniers et logistiques.
Dans ce contexte, la gestion de la marque reste centrale. On affirme poursuivre une évaluation continue de sa stratégie tarifaire à l'échelle mondiale afin d'ajuster ses prix si nécessaires, tout en veillant à préserver son positionnement haut de gamme. La capacité à maintenir un équilibre entre attractivité commerciale, maîtrise des coûts et cohérence de marque constituera un facteur clé de réussite face aux incertitudes croissantes du marché mondial. Reste à voir si la performance du T2 battra les 567,7 millions de francs suisse obtenu en 2024.
La croissance remarquable d'On Running au cours de ce premier trimestre 2025 cache une réalité plus contrastée sur le plan des résultats financiers. Pour mieux comprendre les défis liés à la rentabilité et à la gestion des coûts dans ce contexte d'expansion rapide, consultez notre analyse détaillée sur la structure financière du trimestre.
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